L'hypothermie
L'hypothermie se définit comme une température corporelle interne inférieure à 35 °C. Certaines autorités distinguent trois sous-catégories, hypothermie légère, modérée ou grave :
Hypothermie légère : 32-35 °C
Hypothermie modérée : 30-32 °C
Hypothermie grave : < 30 °C
On note des écarts entre les températures utilisées pour définir ces catégories selon les autorités/pays, ce qui reflète la nature arbitraire de cette définition ainsi la nature entière du problème plutôt que de permettre la distinction de trois schémas pathologiques différents.
À mesure que la température interne diminue, de nombreux mécanismes de compensation vont essayer de s'y opposer. Le patient présentera une vasoconstriction périphérique pour essayer de maintenir sa température corporelle. L'augmentation relative du volume sanguin circulant peut entraîner une diurèse. Le patient peut également frissonner, ce qui est modulé par l'hypothalamus postérieur et la moelle épinière alors que les mouvements des muscles squelettiques essaient de produire de la chaleur. Il est important de noter que le sujet ne frissonne pas en cas de températures très basses et que l'absence de frissonnement ne doit pas permettre d'exclure l'hypothermie. Le frissonnement augmente le travail musculaire ainsi que  la demande en oxygène. Cela, conjugué à la charge de travail supplémentaire du myocarde due à la vasoconstriction périphérique (avec une postcharge cardiaque accrue) peut mener à une ischémie myocardique chez les personnes prédisposées.
À mesure que la température du patient baisse, on observe une augmentation des effets néfastes sur les autres systèmes du corps s'accompagnant d'une détérioration jusqu'à l'arrêt cardiaque.
Caractéristiques de l'hypothermie
Les principales caractéristiques incluent :
Température | Caractéristique |
35 | Frissons thermiques maximum |
34 | Amnésie et dysarthrie |
33 | Ataxie |
31 | Arrêt des frissons |
30 | Fibrillation auriculaire et autres dysrythmies |
29 | Altération du niveau de conscience, bradycardie et bradypnée |
28 | Risque de fibrillation ventriculaire |
27 | Réduction des réflexes |
26 | Troubles importants de l'équilibre acido-basique |
24 | Hypotension profonde |
22 | Fibrillation ventriculaire |
18 | Asystolie |
14.2 | Seuil de survie le plus bas enregistré chez les enfants hypothermiques |
13.7 | Seuil de survie le plus bas enregistré chez les adultes hypothermiques |
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Traitement de l'hypothermie
La première étape consiste à soustraire le patient à l'environnement froid, à ôter les vêtements humides et à sécher délicatement la peau. Les vêtements humides devront être coupés plutôt que retirés normalement de façon à minimiser les mouvements du patient. Cela doit être réalisé en parallèle à une évaluation ABCDE et à tout traitement immédiat nécessaire. Il conviendra ensuite d'administrer de l'oxygène à haut débit par un masque sans réinspiration et de réchauffer le patient.
En cas d'hypothermie légère, il pourra être approprié de retirer les vêtements humides, sécher le patient et simplement de l’envelopper/l’habiller avec des vêtements chauds. Il est particulièrement important de s'assurer que sa tête est couverte car elle représente une région importante pour la perte de chaleur.
En cas d'hypothermie plus marquée, il peut être approprié de réchauffer activement le patient en le plaçant dans un bain d'eau chaude. À l'évidence, cela ne constitue une option que si le patient présente un degré de conscience normal et qu'aucun autre critère ABCDE ne nécessite d'être traité.
Au cours de la procédure de réchauffement, il est important de contrôler le rythme cardiaque, la tension artérielle et le niveau de conscience, car une vasodilatation importante peut survenir.
Il est important de surveiller étroitement toute victime d'hypothermie au cas où leur état se détériorer rapidement.
Il est également important de manipuler le patient avec délicatesse, car toute stimulation inappropriée (des voies aériennes notamment) peut conduire à une fibrillation ventriculaire.
Tous les patients atteints d'une hypothermie (à l'exception d'une hypothermie légère) doivent être transférés dans les plus brefs délais vers un service d'urgence approprié.
Hypothermie et arrêt cardiaque
À mesure que le corps humain se refroidit, la demande en oxygène diminue également, et l'hypothermie peut produire un effet neuroprotecteur, ce qui signifie que, même après un arrêt cardiaque prolongé, il est possible d'observer de bons résultats neurologiques. C'est pourquoi il est important de poursuivre les tentatives de réanimation jusqu'à ce que le patient soit réchauffé.
Si les principes de réanimation habituels doivent être appliqués, il y a lieu d'accorder une attention particulière aux éléments qui suivent.
Les voies aériennes doivent être dégagées ; toutefois, une extrême prudence est de mise lors des manœuvres respiratoires, notamment en cas d'utilisation d'aides à la respiration, car la stimulation des voies aériennes peut provoquer une fibrillation ventriculaire.
Un myocarde hypothermique peut ne pas répondre aux médicaments utilisés pour la réanimation cardiaque et à la défibrillation, une mauvaise circulation périphérique et une réduction du métabolisme des médicaments peuvent également engendrer l'accumulation périphérique des ces médicaments à des niveaux toxiques.
En cas de fibrillation ventriculaire ou de tachycardie ventriculaire sans pouls, trois chocs doivent être administrés conformément au protocole standard, quelle que soit la température. Si, toutefois, le patient reste en FV/TV après ces trois chocs, aucun autre choc ne devra être administré tant que la température interne du patient ne sera pas remontée au dessus de 30 °C.
À l'évidence, il est difficile d'obtenir un relevé précis de la température dans le contexte préhospitalier ; on devra faire appel à un jugement clinique.